
Dans un monde qui nous dépasse il est important d’avoir des repères sûrs afin de s’appuyer dessus pour élaborer nos hypothèses de lendemains heureux. C’est je suppose le principe qui animait déjà nos ancêtres au fin fond des grottes en quête de compréhension dans des transes chamaniques.
La science de l’écologie (et je parle bien de « science », pas de politique ni de sympathie à l’écologie) a mis en lumière le fonctionnement de la planète Terre. Fonctionnement dont 1) nous dépendons entièrement et 2) qui nous anime entièrement. On peut ajouter même en 3) que nous impactons quotidiennement.
Ernst Haëckle qui a introduit le concept de science de l’écologie évoquait les « interactions » comme « conditions d’existence », reléguant de fait notre bon vieux René Descartes et son cogito ergo sum « Je pense donc je suis » au rang des vestiges de la préhistoire philosophique… Merci au passage car depuis la science – et donc la vérification des thèses – a tranché la question : non ce ne sont ni ma pensée, ni mon moi qui font mon existence… mais bien mes interactions. Chose pourtant évidente, je ne me nourris pas de verbes mais d’aliments.
L’écologie va jusqu’à prouver une vie après la mort ! Bon, pas vraiment au regard de l’âme, mais au regard du corps et de son énergie (si, si) : les scientifiques parlent de cycle de matière et de cycle d’énergie qui se transmettent de corps en corps, traversant les chaines alimentaires notamment, et qui animent donc les écosystèmes et l’ensemble de la biosphère.
La science de l’écologie pose entre autres deux concepts de base : l’écosystème et la niche écologique. Le premier tu dois certainement connaitre. Aussi je passe directement au second qui définit le « métier » d’une espèce au sein de son écosystème : la place qu’elle occupe dans la société du monde vivant, ses relations avec les autres, les influences qui lui sont nécessaires avec le climat, le sol, ses évolutions saisonnières, etc. Ce concept d’abord déroutant pour le néophyte est clé dans la compréhension de tous et de tout ce que nous créons. (Si j’assume).
En effet, un projet, une entreprise, une association, etc, est un ensemble d’actions qui a pour but de générer une conséquence dans l’avenir. Or, jusqu’à l’évolution de nos civilisations vers des systèmes plus complexes qui ont dépassés nos rapports primaires au vivant (cueillette, chasse, quête et aménagement d’abris, copulation…), toute entreprise était directement l’occupation de notre niche écologique. D’ailleurs, tout Cro-Magnon que nous étions nous occupions la même niche écologique.
Et bien cette logique n’est plus ! Par la création d’entreprises et d’associations (et de toute autre opération non nécessairement officielle), nous créons des sortes d’hologrammes de vie fonctionnant par procuration. Oui, je le reconnais, de prime abord ça peut sembler très science fiction. Mais à bien y regarder, une entreprise commande des hommes (voire des machines) dans le but de générer des actions pour générer des conséquences. Aussi, cet ensemble actions-conséquences traduit une niche écologique, un rapport au monde. Je parle d’hologramme puisque ce n’est pas un être vivant à proprement parler. Mais comme il y a rapport au monde, niche écologique fusse-t-elle hyper complexe au point d’être opaque, il y a l’équivalent d’une forme vivante… J’utilise « par procuration » car au commandement il y a la volonté d’occuper cette niche écologique. Du moins d’en tirer profit avec hélas la myopie des conséquences…
Cette compréhension est essentielle pour offrir une nouvelle lecture – plus juste – de l’économie et de la politique (et je n’entre pas – encore – dans la lecture de financiarisation). Comprendre que créer un grand groupe industriel c’est très concrètement créer des hologrammes de Tirex (je parle bien des dinosaures) qu’on lâche dans la nature. Oh mince la belle pollution… mais que voilà la paupérisation… Et oui, qui commande le Tirex jouit de ses fruits, là où les autres espèces pâtissent d’une incompatibilité des niches écologiques. Les autres espèces sont en partie les autres humains. Ce que j’aurais aimé débattre de cette thèse avec Darwin, que l’entreprise – avant même l’apparition de la robotique – était depuis ses débuts une évolution des espèces… par procuration. Juste dingue !
Il nous est donc impératif politiquement d’intégrer de manière intrinsèque la science de l’écologie dans l’analyse et la conduite entrepreneuriale. De la partie stratosphérique des nations à la partie microscopique des porteurs de projet.
Je crois que l’avantage de cette considération nous préservera de bien des malheurs (mieux vaut conduire avec un parebrise transparent qu’opaque) et même génèrera par principe des projets plein de sens (le sens indiquant une direction, considérer produire dans le sens du vivant ne peut que générer la vie… et donc l’abondance).
A bon entendeur !
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