Nous avons passé une petite semaine dans un village togolais : Bethania.
Petit village reculé où l’accès se fait par la marche et où il n’y a pas l’électricité. L’accès à l’eau se fait grâce à un barrage (financé à moitié par les subventions de l’Etat, l’autre moitié par les habitants). Ainsi les habitants payent 25 cfa (1000 cfa = 1,5 €) par bassine. Un autre barrage a aussi été mis en place où l’eau n’est pas potable mais permet l’entretien des maisons. Un homme du village a installé un moulin, les habitants payent 150 cfa par récipient (nous ne connaissons pas les mesures en kilos et litres, mais nous savons que les familles en sont satisfaites).
Nous avons été très touchées par l’accueil qui nous a été fait : on nous a prêté une maisonnette dans une ferme et tous les jours nous avons été invitées à manger. En y mettant toute notre volonté (environ 4 repas par jour !), nous n’avons pas réussi à répondre à toutes les invitations. Nos menus étaient composés de manioc trempé dans l’huile de palme rouge, de Fufu (pâte à base d’Imiam pilé) avec sa sauce au poulet, d’Akumé (pâte à base de maïs, blanche en ville, jaune à la campagne) avec la sauce Adémé (il y a une forte concentration de producteurs d’Adémé dans le sud du pays, c’est une plante qui peut être récoltée après 15 jours et permet de rendre la sauce gluante), de Kolico (frites d’Imiam). A plusieurs reprises dans les fermes, le poulet a été tué et cuisiné pour nous.
Nous aimerions partager deux rencontres avec vous.
D’abord, celle de Rasta (Eustache) : un habitant de la capitale qui a choisi de quitter la ville pour la campagne depuis 20 ans. Dans toute la région il est appelé « Rasta » car auparavant il portait les dreads locks. Mais ici un rasta est vu d’abord comme un « voleur, délinquant, bandit ». Pour se faire accepter au village il a rasé ses cheveux. Mais la morale de cette histoire est que tous les habitants le nomment quand même Rasta ; par son travail et sa personnalité il a sû se faire accepter comme tel. Rasta vit dans sa ferme et est en quasi auto-suffisance alimentaire. Il prône un retour vers la Terre. Ainsi, il sensibilise les jeunes du village à créer leur propre emploi autour de chez eux, plutôt que d’aller en chercher un en ville. Dans sa ferme il récupère l’eau de pluie et utilise des panneaux solaires.
« Rasta, si tu avais un accès facile à l’électricité, avec le nucléaire par exemple, tu garderais tes panneaux solaires ? »
Il nous regarde avec un grand sourire : « Je garderais mes panneaux solaires! »
Les conséquences du nucléaire l’effraient. Notamment la gestion des déchets. Il nous parle aussi de Fukushima.
Dans les fermes africaines, les animaux qu’on trouve en premier lieu sont les poules (toujours avoir une poule à offrir à un invité (!), l’accueil étant primordial) et le chien, meilleur ami de l’homme. Viennent ensuite les cochons et les chèvres dans les fermes un peu plus aisées. Parmi toutes les fermes que nous avons visitées, une autre nous a marquées : celle de Joseph. Joseph est l’ancien instituteur du village qui une fois arrivé au temps de la retraite, s’est installé comme maraîcher… notamment. Il est en autosuffisance alimentaire. Auparavant il achetait le maïs pour son poulailler (gigantesque, mais respectueux des poules !). Aujourd’hui il travaille ses terres pour faire pousser le maïs dont il a besoin pour nourrir ses poules. Il était très heureux de nous rencontrer, très enthousiaste. Nous avons pilé l’Imiam pour faire le Fufu. Joseph a trouvé très intéressante la démarche d’Etika Mondo.
Nous n’avons pas connecté ces deux fermes sur le réseau car ils n’ont pas d’accès à internet. Le message que nous voulons passer est qu’au-delà des initiatives connectées avec Etika Mondo, dans les campgnes reculées , des hommes travaillent aussi autour de l’éthique et soutiennent le projet !
Nous sommes actuellement en train de travailler avec le centre Mytro Nunya et les producteurs de l’Amap de ce centre. Nous écrivons aussi actuellement un article sur la grossesse et l’accouchement des femmes en campagne. Nous avons commencé à recueillir des témoignages. Nous travaillons aussi avec un centre d’éco-construction, ainsi qu’une association militante pour les toilettes sèches à Lomé.
Sur toutes ces bonnes nouvelles, nous vous disons à tout bientôt !
Joséphine & Ninon
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